LA MISE EN SCÈNE DU PASSÉ
A ENCENAÇÃO DO
PASSADO
table-ronde
mesa-redonda
entrada livre até ao
limite da capacidade da sala
Porto, Portugal, le 12 et 13 Novembre 2004,
Théâtre Rivoli
(le 12 vendredi 16-20 h. - et le 13 samedi 10-13 h; 15-18
h.)
Une reálisation du
Théâtre Rivoli, Porto, Portugal
(direction
artistique: Isabel Alves Costa)
Mairie de Porto Secteur Culturel
(Culturporto)
Commissaire de la table-ronde:
Vítor Oliveira
Jorge
(DCTP Faculté des Lettres Université de Porto)
Coordinateur da
la participation française:
Marc Augé
(EHESS École des Hautes ètudes en
Sciences Sociales - Paris)
Durée de la réalisation: une journée et demi
le vendredi 12 après-midi, et
le samedi 13
Participants français
:
Marc Augé (EHESS, Paris)
Daniel Fabre (EEHSS, Paris)
Jean Jamin
(EHESS, Paris)
Jean-Paul Colleyn (EHESS, Paris)
Un autre participant ( à
confirmer)
Participants portugais :
António Medeiros (ISCTE,
Lisbonne)
Isabel Alves Costa (Théâtre Rivoli, Porto)
Jorge Freitas Branco
(ISCTE, Lisbonne)
José Bragança de Miranda (FCSH-UNL)
Manuel João Ramos
(ISCTE, Lisbonne)
Rui Cunha Martins (DH- UC)
Vítor Oliveira Jorge
(FLUP-DCTP)
Deux autres participants (à confirmer)
Les participants
invités feront une courte intervention initiale et
animeront les débats,
lesquels seront enrégistrés
La table-ronde est ouverte à tous les
intéressés, jusqu¹ aux limites de
capacité de la salle.
Langue
utilisé: le français
(la publication de cette table-ronde est
prévue)
Contenu:
Cette table-ronde sera orientée par une
perspective anthropologique, au sens
d¹ éssayer de regarder toute la réalité
sociale y compris la notre - comme
une ³réalité-autre², c¹ est-à-dire, comme
quelque chose qui ne va pas de
soi, mais qui est un produit historique très
particulier parmi beaucoup d¹
autres téoriquement possibles. Une
combinatoire, enfim, de pratiques et de
croyances, de comportements et de
conceptions, les unes héritées, les autres
récemment acquises, composant un
mosaique qui fait toujours problème et
soulève des interrogations.
Il s¹
agit, dans ce cas, de réflechir sur les sens de la préocupation que
nos
sociétés de la modernité et surtout de la surmodernité - montrent
vis-à-vis
de la conservation, de la restauration, de la patrimonialisation,
de la
représentation bref, de la mise en scène - pour le loisir de
masses
croissantes de la population, de ³morceaux de réalité² de taille
très
diverse: objects obsolètes, oeuvres d¹ art, témoins d¹ époques
passées,
sites archéologiques et monuments, paysages ou territoires entiers
(parcs,
aires de paysage protégé, etc.), voire la vie même des populations,
prises
dans son quotidien ³typique².
Dans cette société de l¹ évidence et
du présent, il s¹ agit, semble-t-il, d¹
exposer, dans des ³capsules de
temps², la totalité du vécu humain, sous
forme d¹ objects et d¹ espaces
faciles à regarder e à décripter, rendant
³naturelles² des narratives, des
discours, des interprétations qui,
pourtant, ont beaucoup du ³fabriqué², sont
les produits d¹ un travail.
Il seraît intéressant de souligner l¹ idée que
dans ces lieux se croisent,
parmi d¹ autres, les mêmes principes du musée
(conservation et transmission
du passé), du théâtre (représentation du passé)
et du centre commercial
(consommation du passé).
C¹ est un travail des
muséologues, des archéologues, des éthnologues, des
architectes, des
restaurateurs, des producteurs de spectacles et d¹ autres
événements, enfin
de tous ceux qui cherchent à avoir chacun leur part si
petite soit elle non
seulement dans l¹ aménagement moderne du temps et et
du territoire que dans
la programmation culturelle et des loisirs.
Mais toute cette production
contribue à une superposition de narratives,
chacune voulant combler les
vides de l¹ espace/temps ordinaires, mettre de
l¹ ordre, donner une
continuité, une intelligibilité, une transparence et
une fluidité au même
espace/temps - bref, un sens pour la vie des citoyens.
Par cette production
et représentations de sens, l¹ espace commun n¹ est
plus un support, un
contenant, de services et de ³ressources² d¹ utilisation
immédiate, mais il
s¹ enrichie de fenêtres sur le passé et sur l¹ avenir,
ainsi pris dans la
réalité même de tous les jours, présentifiés et
sécurisants.
Le
patrimoine, on le sait bien, est lié à un sentiment de perte
permanente,
ressenti comme une manque d¹ un bien (lien) colectif, qui ne soit
plus
simplement un héritage, mais précisement une ressource
(environnement,
culture, etc.), un projet mobilisateur. Cette ressource
génerale est ou
serait en danger par définition, une telle menace constituant
la face
souvent cachée des enjeux du ³dévellopement², c¹ est-à-dire, de
la
modernisation et uniformisation du monde. Mais l¹ obsession du manque
peut
devenir un symptome de malaise, voire une nostalgie d¹ une transcendence
à
jamais perdue, et qu¹ aucunne idéologie moderne n¹ a pas été capable
de
remplacer.
Plusieurs discours, ou idéologies, se devinent de façon
sousjacente dans
cette tendance patrimonialiste très généralisée. Pour les
caractériser
brièvement il faudra donc être très schématique.
D¹ une part,
un discours nostalgique, qui au fond aimerait conserver pour
quelques-uns la
³pratique du passé², et se détourne de la massification de
tout. Il accepte
un minimum d¹ intervention sur les sites, il fait toujours
recours au
vandalisme pour défendre des valeurs considerées uniques.
Parfois, il se
méfie même de la ³manie patrimoniale², de la pésanteur des
commémorations et
des monuments, comme s¹ il était possible, au même temps,
généraliser une
pratique désormais liée au tourisme (et lucrative sous
différents points de
vue) et la maintenir ensérrée dans des cadres
pré-établis. Parfois les
savants et les scientistes sont de ce côté même
sans le ressentir, dans la
mesure où la recherche ouvre toujours vers de
nouvelles questions, tandis que
l¹ explication, la reponse que le public
exige, demande un arrêt du
questionnement et la présentation d¹ une version
plausible de ce qu¹ on
expose. Car la raison même de l¹ exposer publiquement
est celle de
visibiliser son sens à tout le monde, un sens devenu sens
commun.
D¹ autre
part, les industries de la culture et du patrimoine créent de
nouvelles
professions, postes de travail, de l¹ emploi, même s¹ il est en
certains cas
précaire, temporaire, mal payé. Les jeunes participent de bon
gré à une
entreprise qui leur permet d¹ occuper une place dans la société,
même si l¹
archéologie d¹ urgence ou le travail soumis au strites règles du
marché les
écartent souvent de leurs rêves initiales où un certain idéalisme
se melait
de vrai volonté d¹ être un chercheur. Leur discours est ainsi
souvent un
discours d¹ optimisme, car ils sont nés dans la société de la
concurrence, du
travail qui rend des profits, de l¹ individualisme, du
succès, de l¹
immédiat. Et parfois ils ne sont peut-être pas tout à fait
conscients que le
mouvement patrimonial collabore, d¹ une façon apauvrie, à
l¹ uniformisation
du monde. Parce qu¹ il dispose des moyens matériels de
prodution et de
divulgation de la connaissance infinniment plus petits que
ceux que d¹ autres
champs utilisent.
Le patrimoine, la mise en scène du passé, n¹ est plus l¹
affaire d¹ une
élite comme aux temps romantiques de la contemplation des
ruines, mais une
vrai industrie de la société du marché libéral, de la
démocracie formelle,
de la consommation, de l¹ accéleration de la vie et du
tourisme généralisé.
Pourtant, ce champ est trop important pour notre futur
pour être laissé aux
seules spécialistes. S¹ il est un fruit de potentiel
bonheur et de
jouissance, nous avons tous un mot à dire.
Ceux qui seront
au tour de cette table ne veulent pas dire sur un terrain si
glissant et
complexe ³le dernier mot². Tout simplement, ils se proposent d¹
échanger des
points de vue diférents, soulignant l¹ importance d¹ amplifier
le débat
autour d¹ un des enjeux les plus typiques de la modernité, la
socialisation
d¹ un passé commun, c¹ est-à-dire, la transformation d¹ une
question jadis
aristocratique dans des sens partagés, discutables,
démytifiés, pluralisés.
Ce qui implique leur mise en scène toujours
renouvellée.
Appui
de
L ?Ambassade de France/ Consulat Français de Porto
Université de Porto
Rectorat
Fundation C. Gulbenkian
Fondation pour la Science et la
Techologie (FCT)
(liste provisoire et non fermée)
Informations:
Théâtre Rivoli, Porto, Portugal