Colloque “La fabrique de
l’ethnie dans l’Islam médiéval”
Organisé
par Emmanuelle Tixier du Mesnil, Gabriel Martinez-Gros, et
Julien
Loiseau
Jeudi
5 et vendredi 6 décembre 2013
IISMM,
salle Lombard, 96 bd Raspail, 75006 Paris
Les
peuples seraient-ils les principaux acteurs de l’histoire de
l’Islam
? L’historiographie les a longtemps relégués au second plan,
figés
dans la permanence des faits de nature, rangés dans la
nomenclature
de la descendance de Noé, affublés des stéréotypes que
leur
avait attribué l’adab de l’époque classique. Tout juste
étaient-ils
bons à rythmer son histoire millénaire, de part et d’autre
d’une
césure qui séparerait vers l’an mille les peuples historiques de
l’Islam
(les Arabes, les Persans) des peuples nouveaux (les Turcs, les
Berbères,
bientôt les Mongols) qui en triomphèrent alors. Mais ces
glissements
proprement telluriques échappaient au temps historique,
celui
des dynasties dont l’énumération compose l’interminable litanie
de
l’histoire de l’Islam. Se serait-on trompé d’échelle ? Aux origines
de
chaque dynastie, de chaque aventure historique, jouaient en effet
des
forces de ralliement et d’identification qui ne sont pas sans
rappeler
ce que l’anthropologie désigne par ethnogenèse. Qu’elle se
logeât
dans l’intimité d’une langue, dans le retranchement d’un espace
d’origine,
dans la récapitulation d’une généalogie commune, l’identité
ethnique
dont procédaient souvent les forces qui portaient une
dynastie
au pouvoir pourrait bien ne pas toujours lui avoir préexisté
mais
être advenue dans le même mouvement.
Le
colloque Fabrique de l’ethnie se propose ainsi d’explorer
l’ethnicité
dans ses rapports avec la langue et l’espace, en marge ou
au
cœur même des processus politiques qui ont tant de fois modifié la
distribution
du pouvoir dans l’histoire de l’Islam. Les témoignages en
sont
certes disparates, selon que l’identité ethnique s’est pérennisée
ou
s’est effacée, selon qu’elle a ou non triomphé, trouvé ou non son
support
d’élection, sa niche écologique. Mais à des degrés variables,
il
n’est guère d’histoires en Islam qui n’en portent la trace. Que
l’ethnie
soit le produit d’une histoire est une évidence. Que
l’histoire
de l’Islam fût le produit de l’incessante fabrique de
l’ethnie
mérite qu’on s’y attarde.
Programme
Jeudi
5 décembre
9h30.
Accueil des participants
10h.
Séance 1 : les discours de fondation
Sobhi
Bouderbala (Université Tunis 1)
Les
Yéménites de Fustat et la quête des origines : fabrique de
l’ethnie
et conflits sociaux en Égypte aux deux premiers siècles de
l’hégire
Cyrille
Aillet (Université Lyon 2, CIHAM-UMR 5648, IUF)
Le
référent ethnique dans les discours de fondation de l’ibadisme au
Maghreb
médiéval
11h30.
Pause café
12h.
Séance 1 (suite) :
Marie
Favereau (Université de Leyde)
Tatar
vs Tartare : quand d’un jeu de mots naît une ethnie
12h45.
Repas
14h.
Séance 2 : identité et ethnicité
Abbès
Zouache (CIHAM-UMR 5648)
L’identité
franque en question (Proche-Orient, xie-xiiie siècles)
François-Xavier
Fauvelle-Aymar (CNRS, TRACES-UMR 5608)
Abyssins
musulmans, Abyssins chrétiens (xe-xvie siècles) :
propositions
pour une histoire de différenciation identitaire,
économique
et culturelle
15h30.
Pause café
16h.
Séance 2 (suite) :
Julien
Loiseau (Université Montpellier 3, CEMM, IUF)
Comment
peut-on être circassien ? Identité et ethnicité dans la
société
militaire mamelouke
Vendredi
6 décembre
9h30.
Séance 3 :langue et ethnie
Mehdi
Ghouirgate (ERC IGAMWI)
Langue
et statut de la langue berbère dans les dynasties de l’Occident
médiéval
(Almoravides, Almohades et Mérinides) : une approche
comparative
Benoît
Grévin (CNRS, LAMOP-UMR 8589)
Le
judéo-arabe : un concept socio-linguistique et ses limites textuelles
11h.
Pause café
11h30.
Séance 4 : la naissance des peuples
Emmanuelle
Tixier du Mesnil (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
La
faillite de l’État omeyyade et l’invention des Andalous
Ahmed
Amrani (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
Comment
la géographie façonne l’ethnie. Le cas des Arméniens de
Cilicie
(xiie-xive siècle) selon Ibn Khaldûn
13h.
Repas
14h30.
Séance 4 (suite)
Boris
James (INALCO)
Quand
une confrérie se fait peuple. La ‘Adawiyya comme force de frappe
kurde
(xiie-xive siècles)
Gabriel
Martinez-Gros (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
L’ethnicité
est-elle un fait de nature ou d’Etat chez Ibn Khaldûn ?
16h.
Discussion générale