L'ADECEM organisera les 18 et 19 octobre 2013, à Bastia, un colloque sur le thème « Insularité et villes en Corse et en Méditerranée ». ArgumentaireCinquante années après la publication par le géographe aixois Yerahmiel Kolodny d’une thèse remarquée sur la ville et le fait urbain en Corse, l’ADECEM (Association pour le développement des études corses et méditerranéennes) se propose de réactiver cette réflexion en organisant sur ce thème un colloque à Bastia en septembre 2013. Placée au cœur de thématiques transversales, la ville, pour être saisie dans sa réalité multiple, requiert un large éventail de regards qui vont de la géographie, au sens le plus large, à l’histoire, à la sociologie et aux sciences du langage sans exclusive scientifique. Se situant toutefois dans la contemporanéité, ce colloque privilégiera parmi les interventions historiques les approches qui permettront d’éclairer l’état urbain contemporain au prisme de ses dynamiques géo-historiques, faites de conflits territoriaux et de bifurcations géopolitiques. Inversement les interventions ciblant de manière statique une période précise de l’histoire sans conséquence interprétative pour le présent, seront évitées. Si la Corse est placée au centre de cette problématique urbaine, il est également indispensable d’en élargir le champ territorial aux mondes insulaires méditerranéens et de contribuer ainsi à enrichir la réflexion épistémologique sur le lien entre l’insularité et le fait urbain. Trois grands axes peuvent structurer l’organisation de ces journées d’études et répondre de façon croisée aux interrogations des différentes sciences sociales sur les villes insulaires. Le premier d’entre eux aura pour mission de contribuer à définir la ville et préciser ainsi comment on la pense etcomment on l’exprime. Peut-on envisager des seuils qualitatifs ou quantitatifs pour désigner les villes insulaires et présentent-elles des spécificités liées à leur insertion territoriale dans un espace naturellement clos et exigu ? Le second axe privilégiera le vécu urbain en Corse et dans les îles. Comment on vit la ville, comment on se l’approprie, comment on la pratique et comment on s’y repère? Ces interrogations d’ordre phénoménologique gravitent autour des concepts de territoire urbain, de territorialisation et d’identité urbaine dans leurs dimensions politiques, culturelles, sociales et ethniques et restent sous-tendues par la question d’une éventuelle spécificité insulaire. On précisera enfin dans un troisième temps comment on matérialise la ville, comment on la construit et on l’aménage selon l’affirmation d’intérêts collectifs et privés quelquefois divergents. La ville est en effet un territoire sur lequel sont affirmés des actes politiques et son avenir est déterminé par l’_expression_ de projets plus ou moins consensuels. À ce découpage thématique fait alors écho une partition temporelle des thèmes abordés. Après avoir évalué le poids des héritages(le passé) pour comprendre et connaître la ville insulaire contemporaine, on en évaluerait ensuite les pratiques territoriales (le présent). Le troisième temps enfin serait consacré à une projection dans l’avenir à travers les choix politiques opérés par les principaux acteurs urbains. Chacun de ces axes méritent dans un second temps un approfondissement conceptuel permettant d’en déterminer plus précisément les contenus. Définir, penser et exprimer la ville insulaire.La ville insulaire contemporaine en Méditerranée Occidentale reste profondément marquée par les aléas géopolitiques et les changements de souveraineté qui caractérise sa longue histoire. Un recours à la géohistoire permettrait ainsi de comprendre et de définir la ville dans les îles. Son caractère exogène et très majoritairement littoral explique un rapport complexe des îliens à l’urbanité, rapport fait de rejet, de méfiance mais aussi de fascination. En Corse comme en Sardaigne il faut attendre le XIXe siècle pour que la ville exerce réellement son attraction sur l’ensemble du territoire. L’exacerbation des sentiments identitaires à partir des années soixante a réactivé le sentiment de rejet d’une urbanité considérée comme le véhicule d’une modernité acculturante. Inversement la communauté rurale est alors sacralisée comme le temple d’une authentique corsité ou sardité. La ville insulaire n’est-elle dès lors condamnée à n’être que le pâle reflet de cités continentales dont elle reproduit servilement l’urbanistique ? Jouant par sa fonction portuaire un rôle d’intermédiarité, elle semble contrainte à la dépendance et peine alors à structurer un véritable réseau urbain. Les îles aux dimensions exigües offrent en effet des territoires archipélisés, fragmentés par des pôles urbains, rivaux et médiocres qui sont desservis par une topographie accidentée favorisant un sentiment d’isolement. Les géographes de l’université de Cagliari ont dénoncé la «multifocalità» qu’a encore accentuée la création en 2005 de quatre nouvelles provinces aux capitales insignifiantes. Même aux Baléares la puissante cité palmesane ne peut s’imposer aux autres îles de l’archipel et doit s’effacer devant les influences barcelonaises ou valenciennes. Les villes de l’intérieur dont on valorise aujourd’hui l’authenticité exercent pour l’essentiel des fonctions symboliques largement associées aux administrations publiques de l’enseignement et de la culture. Ces rapports ambivalents s’expriment dans les différentes langues insulaires et une étude des parlers de la ville et sur la ville permettra d’en appréhender la vigueur, aujourd’hui encore. La ville, vécue, pratiquée et appropriée.La ville n’en est pas moins une solide réalité culturelle, sociale et politique et constitue désormais le creuset d’une nouvelle société insulaire. Après une croissance brutale, voire incontrôlée, elle constitue désormais le terreau de nouvelles pratiques de l’insularité. Lieu de nouveaux pouvoirs associés aux différents degrés des nouvelles autonomies insulaires, elle modèle désormais une société où se font jour les stratégies défendues par de nouvelles élites, adhérant à un discours insulariste à visée consensualiste. Une nouvelle sociabilité urbaine caractérise désormais les villes insulaires. Elle présente le double visage de la continuité inscrite dans les traditionnelles cérémonies festives religieuses et celui de la nouveauté associée l’émergence de nouveaux groupes sociaux ou ethniques installés plus récemment ainsi qu’à l’affirmation de nouvelles pratiques culturelles sécularisées comme le sport ou les arts. Sièges de la décision politique et concentrant les effectifs les plus importants d’électeurs, les villes insulaires permettent-elles l’affirmation de comportements électoraux plus «démocratiques» et distanciées qui rompent avec les pratiques clanistes et clientélistes si souvent dénoncées ? Une radioscopie politique s’impose donc au moyen d’une géographie électorale précise des différents quartiers. Mais la ville est aussi un lieu de tensions. Elle cristallise bien évidemment les conflits sociaux. Malgré sa modestie, la ville insulaire connait en son sein des frontières qui peuvent se matérialiser par des réactions d’intolérance à l’égard des nouvelles communautés ethniques. Plus spécifiquement elles sont, en Corse essentiellement, le théâtre d’une violence politique qui depuis plus de quarante ans en a fragilisé la cohérence. La ville aménagée et planifiée.Affectée par la dissolution de son bâti dans une périurbanisation comparable à celle qui affecte les métropoles continentales, la ville insulaire ne s’est pas avérée particulièrement novatrice dans l’organisation d’une planification urbaine, et elle n’a été que très modérément soucieuse de corriger les déchirures de son tissu urbain. La forte pression urbanistique du tourisme sur le littoral a engendré une banalité architecturale qu’il est désormais difficile de corriger. La gestion des paysages urbains parait souvent anarchique au regard d’une signalétique commerciale pléthorique et désordonnée et l’aspiration à l’urbanité manifestée par les édiles des communes périurbaines engendre sur les voies de communication majeures le déploiement d’un mobilier urbain de mauvais goût. Au cœur de rivalités de pouvoirs plus ou moins conflictuelles l’aménagement urbain peine à définir des plans d’occupation des sols et d’urbanisme. Pourtant engagées dans des politiques d’intercommunalité, les équipes municipales participent à l’effort de rationalité que requiert la nouvelle question urbaine. L’organisation des transports publics et privés, la gestion des nuisances urbaines les obligent désormais à considérer l’espace urbain dans sa globalité. Faiblement affectées par le processus d’industrialisation, les villes doivent aussi gérer en leur sein la place des aménagements portuaires et aéroportuaires dont les effets urbanistiques suscitent la contestation riveraine. Sans être exhaustifs, ces différents thèmes peuvent bien évidemment être croisés et les intersections entre ces trois axes définis risquent d’être nombreuses. Il s’agira donc de construire en cohérence les interventions proposées. Modalité de soumissionCet appel à contribution s'adresse en tout premier lieu aux chercheurs ethnologues, historiens, géographes, linguistes, sociologues qui étudient la ville mais aussi, bien entendu, à ceux qui la font, architectes, urbanistes, aménageurs, et à ceux qui, en tant qu'acteurs sociaux, affrontent quotidiennement, dans leur expérience professionnelle, les problèmes des populations urbaines. Les contributeurs, désireux de participer à ce colloque sont invités à nous adresser, avant le 31 mars 2013le titre (même provisoire) et le résumé ( 20 à 30 lignes) de leur intervention. Les propositions seront examinées par l'équipe scientifique de pilotage du colloque. Comité scientifique
L'ADECEM prendra en charge, au moins partiellement, les frais de déplacement et de séjour des intervenants. |
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